De Montréal à Anvers : se souvenir, c’est vivre à nouveau

 dans Estime de soi

 

Comme dans les paroles d’Arianne Moffat, c’est en format original que je rentre à Montréal. Chaque retour est spécial pour moi. Ces paroles que j’ai découvertes il y a plus de douze ans me font encore revivre tout plein d’émotions. C’était à l’été 2006 et j’étais fraîchement revenue de mon séjour d’études à Anvers en Belgique.

Tout comme dans la chanson, je suis passée par le transit à Amsterdam et j’avais bien trop de bagages! J’avais vingt ans et ce voyage était mon tout premier. C’en fut un qui a marqué le début de ma vie adulte sous plusieurs aspects.

Il y a quelques jours en ce mois de Novembre, je suis retournée à Anvers. Comme pour fermer un cycle de ma vie, j’en avais besoin. Un retour sur ces douze dernières années m’a fait me remémorer les épreuves par lesquelles je suis passée mais aussi comment celles-ci m’ont appris à devenir une femme forte et indépendante.

Il m’est encore difficile de parler de ces expériences avec plus de détails. Je me suis souvent sentie seule, sans personne sur qui compter, autre que moi-même. Comme si j’étais au fond d’un puit de désespoir et que je devais remonter voir la lumière mais qu’à chaque fois, j’en sortais un peu plus meurtrie, avec des séquelles qui me suivraient longtemps.

 

Julieta Rosibel / Instagram @titatraveling

 

Plus jeune, j’étais un personne très anxieuse. Depuis le plus loin que je me rappelle de ma vie, je l’ai été. Pendant longtemps, j’ai été mélancolique et renfermée sur-moi-même. Derrière mon sourire, s’est caché longtemps un profond mal de vivre. Difficile à croire n’est-ce-pas ? C’est la réaction que j’ai, quelques fois, obtenue lorsque j’ai partagé mon histoire avec des personnes qui m’ont connue plus tard dans ma vie.

Je n’ai pas toujours été cette personne souriante et qui danse avec énergie. Je n’ai pas toujours marché la tête haute ou été capable de m’affirmer. Mais, je voulais vivre différemment.

Grâce à plusieurs efforts et à des médicaments (je n’ai pas honte de le dire), j’ai appris à gérer mon anxiété et à m’ouvrir aux autres. J’ai réussi à focuser sur l’impact positif que je peux avoir sur les personnes que je rencontre. C’est un travail continu et il y a eu des années où chaque jour était une bataille et des jours où j’ai pensé à commettre l’irréparable.

Mon entrée à l’université et spécialement, mon séjour en Belgique a été une sorte de trêve dans ma vie, où tout allait bien. Ce fut une période de joie et de découvertes. Puis, j’ai eu l’opportunité de voyager dans dix-sept pays entre 2006 et 2018. J’ai visité des lieux aussi inattendus que le Liban ou l’Islande. Plusieurs de ces lieux faisaient partie de mes rêves d’enfant. Je les voyais dans des livres et des films. Ces images sont devenues les miennes.

À vrai dire, voyager a été parfois un moyen de fuir, d’échapper à mes préoccupations et d’être quelque part où personne ne pouvait me retrouver. Malgré cela, voyager m’a permis de m’ouvrir à d’autres cultures, vaincre certaines peurs et par le fait même, d’avoir davantage confiance en moi.

Lors de mon tout récent retour à Anvers, je suis retournée là où j’ai vécu et j’ai suivi les chemins que j’ai parcourus il y a déjà si longtemps. Il paraît que, selon les nostalgiques, se souvenir c’est revivre. J’ai revécu, non seulement douze ans de vie adulte, mais aussi des épisodes de mon enfance. Je peine à expliquer comment, mais cela m’a fait beaucoup de bien.

J’ai réussi à tourner la page sur plusieurs chapitres de ma vie, qui étaient encore inachevés et qui me faisaient encore mal. Cette année, j’ai trouvé une paix que j’ai si longtemps cherchée.

Julieta Rosibel © Nadja Lee Photographer, Antwerp 2018

 

Dorénavant, je perçois mon avenir avec beaucoup plus de confiance qu’auparavant. Maintenant, je ne doute plus de pourquoi je vis. Je crois sincèrement que si j’aide une personne à s’affirmer ou à avoir plus d’estime ou de confiance en elle, cette personne pourra peut-être aider quelqu’un d’autre et ainsi de suite.

Je sais aussi que mon implication doit aller au délà du domaine de la mode. C’est en réalisant que je peux encourager et influencer d’autres femmes comme moi, même en faisant de petites choses, que ma vie prend tout son sens.

Rien ne vous donne le pouvoir, vous devez le prendre.

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