Je ne suis pas ta « mamacita » ou comment briser 5 stéréotypes sur les Latinas

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Un homme m’aborde : « Comment tu t’appelles ? », « tu viens d’où ? », « est-ce que tu parles espagnol ? » Voilà, il me lance quelques mots en espagnol en ajoutant des « mami » et des « mamacita ». Soyons honnêtes, un homme me pose rarement ces questions par intérêt envers ma culture et dans le but de me connaître réellement. 

Dans notre façon de percevoir des personnes issues d’un groupe ethnique particulier, nous avons tendance à les faire entrer dans un moule. En effet, nous généralisons comment elles agissent et à quoi elles ressemblent. Certains stéréotypes peuvent sembler flatteurs ou amusants quand on ne les vit pas, mais moi si.

« Une Latina qui danse bien ! Tu as ça dans le sang ! »

C’est vrai que j’ADORE danser et que j’ai le sens du rythme. En fait, c’est ce qui me gêne le moins. Je me sens libre et connectée à mon corps. Je n’ai pas besoin d’un moment ou d’un endroit précis. Cependant, je ne me limite pas qu’à Despacito ou autres chansons reggaeton. J’ai grandi en écoutant autant de la musique latine que d’autres genres. J’aime danser sur de l’électro, house, afrobeat, dancehall, pop et tellement d’autres styles, incluant la musique classique.

Malgré cela, je n’ai jamais appris à danser la salsa et le merengue. Mon choix est personnel. Je ne veux pas apprendre des pas de danse ou une méthode. Ça ne m’a jamais intéressé, même si j’ai été appelée « pas vraie Latina » plusieurs fois. Pire encore, je n’aime pas danser avec un partenaire. Tant pis !

« Tu dois sûrement savoir bien cuisiner ! »

Il y a apparemment toujours à manger à la maison. Je n’aime pas qu’on s’attende à que je cuisine parce que je suis une femme (latine en plus). Pour moi, cuisiner pour quelqu’un est quelque chose de spécial tout comme se tenir la main l’est pour d’autres.

Ça l’est aussi parce que cuisiner me rappelle mes ancêtres. J’ai grandi en mangeant des aliments issus de l’Amérique Latine comme des haricots, des avocats, des patates et du maïs. Même si je mange simplement, ils font toujours partie intégrante de mon alimentation. Oubliez la viande et le fromage. Je suis végane ! Oups, j’en ai déçu plus qu’un !

« Mais les Latinas boivent beaucoup d’alcool ! »

Je bois zéro alcool. Pas de bière, pas de vin, pas de cocktail, pas de tequila ou de rhum. C’est quand même drôle, car on m’a souvent demandé si j’avais bu ou si j’avais pris une quelconque substance quand on me voit danser. Seule ou devant une foule de gens, je danse comme une toupie sans une goutte d’alcool et sans complexes.

« À part ton physique, tu n’as rien d’une Latina. »

Je sais que physiquement, je corresponds à ce à quoi on s’attend d’une femme latine : un teint basané, de longs cheveux ondulés, de gros seins, une silhouette voluptueuse et tout le reste… En grandissant, j’avoue avoir été contente que mon corps se soit développé comme cela. Je me sentais sexy par mon apparence « exotique » jusqu’à ce que je réalise que cela n’en disait rien sur ma personnalité.

Il faut aussi savoir que l’Amérique Latine comporte une multitude de pays et de groupes ethniques qui ne sont pas du tout homogènes. Lorsque vous regardez des telenovelas et les émissions de variétés, presque toutes les femmes sont grandes, ont un teint clair et de longs cheveux teints. J’ai voulu garder mon apparence la plus naturelle possible pour rester fidèle à moi-même et valoriser les traits physiques de mes ancêtres indigènes.

« Parle-moi espagnol, ça m’excite. »

La vision hypersexualisée, « chaude et piquante » des femmes latines est un modèle que nous connaissons bien, que nous voyons à la télévision et dans les vidéoclips. Enfant et adolescente, j’ai vu des femmes avec leur poitrine et leurs fesses accentuées par des décolletés et vêtements moulants. On s’attend à ce qu’une Latina soit sexy (et qu’elle soit bonne au lit).

Je me sens bien avec mes formes. Desfois, j’aime porter des petits shorts et des décolletés, peu importe ce que les mauvaises langues disent sur mes seins. Est-ce que j’encourage ce stéréotype ? J’ai dû me remettre en question…

À dire vrai, je sens que ma culture et mon corps sont fétichisés. J’ai connu des gars qui ne sortaient qu’avec des Latinas à cause de ça. J’en ai même fréquenté un qui m’a demandé de lui parler espagnol pendant le rapport sexuel. Non, je ne vais pas le faire. Je veux être moi-même sans qu’on s’attende à ce que je dise ou que je fasse quelque chose. S’intéresser à moi, avant tout, parce que je suis Latina ne me fait pas sentir spéciale du tout.

« Tu n’es pas une vraie Latina »

Tous ces commentaires se résument en celui-là. Je ne corresponds pas à ces attentes, ni à bien d’autres encore. Ce commentaire m’a été dit si souvent pour toutes sortes de raisons si bien que je me suis demandé si j’avais ma place dans la communauté latine, peu importe dans quelle ville ou quel pays.

Je me suis rendue compte que ces stéréotypes sont préjudiciables sur le plan psychologique et social. Au délà du domaine du dating, il y a eu une époque ou cela me donnait l’impression de ne pas avoir de relation avec ma propre culture, mais plus maintenant.

Mes deux parents sont nicaraguayens et j’ai grandi à Montréal dans un milieu très multiculturel. Avec mon background social et culturel, je ne peux pas avoir une identité définie par des lignes blanches et bien droites. Il y a des femmes qui vont correspondre exactement à ce que certains hommes recherchent chez une femme latine et d’autres non.

Je ressemble à mes parents et à mes ancêtres. Mon environnement latino-américain a, bien sûr, modulé la personne que je suis aujourd’hui, mais sans devoir adhérer à un stéréotype ou à prouver que je ne le suis pas.

Un peu plus à chaque jour, j’en apprends sur l’histoire et l’actualité de la communauté latino-américaine. J’espère pouvoir célébrer mon héritage de manière réaliste et respectueuse.

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